Projet de loi sur les violences faites aux Femmes : Vaincre les pratiques anachroniques !
La nouvelle mouture du projet de loi basée sur les violences faites au genre adoptée en conseils des ministres du mercredi 06 mai 2020 constitue une étape importante dans le long combat portant sur la défense des droits du genre en général et des violences faites aux femmes et aux jeunes filles en particulier. Plusieurs fois voué aux gémonies ce texte s’est confronté à l’hostilité et à la misogynie manifeste de certains milieux obscurantistes conservateurs qui n’hésitent pas à chaque fois que l’occasion se présente de faire un bloc de roc contre le projet de loi. Rien ne doit plus s’opposer à cet important dispositif juridique qui consacre le respect de la dignité de la femme bafouée à tout va pour un oui ou par un non. Lever les barrières pour rendre justice aux ayants droits que sont les femmes, victimes expiatoire de la barbarie moderne est un impératif moral qui appelle à un sens élevé de responsabilités et du devoir religieux et social à protéger le genre contre les pratiques anachroniques. Il s’agit non pas de faire offense aux règles les plus élémentaires qui régentent la société traditionnelle mais de restaurer aux femmes leurs droits à la protection absolue. Pour cela, il faut briser les carcans et se départir des préjugés archaïques qui pénalisent la vie de la femme. Ni la religion et ses préceptes ne consacrent l’usage d’une quelconque violence physique ou morale à l’égard de la Femme. Et dont la prolifération relève d’un déni de justice et d’une banalisation des faits gravissimes.
En votant un projet de loi aussi décisif sur le destin moral et social de la femme, l’assemblée nationale aura signé un acte historique dans ses annales mettant ainsi un terme à une longue période de tergiversations qui ne faisait qu’accentuer les souffrances du genre. Les pratiques prédatrices trouvaient à travers le silence coupable de la société un terreau favorable pour se perpétuer. Le nombre de viol et de meurtres enregistrés ces derrières années dépassant le seuil de l’entendement ne faisaient que confirmer cette situation atroce. L’année 2020 a vu monter en force le nombre d’enlèvements de mineures, d’actes d’agressions conjugales, d’assassinats non passibles de peines lourdes. En durcissant la législation en la matière, les réseaux criminels botteront en touche face à la rigueur de la loi. Ce combat n’engage pas que les femmes. Au contraire ! La victoire finale ne se réalisera qu’avec le soutien agissant des hommes.
L’assemblée nationale l’autre bataille titanesque
Les yeux sont rivés sur l’hémicycle de l’assemblée nationale où le projet de loi sera soumis aux débats en plénières. Passerait-il comme lettre de poste ou se confrontera-t-il à la résistance de certains détracteurs qui tenteront de revenir à la charge contre ce texte. A défaut useront-t-il du mode d’usure pour le charcuter à volonté en le dépouillant de son contenu juridique et de sa charge répressive ? Rien n’est moins sûr !
Les observateurs les plus avertis et analystes chevronnés affichent un scepticisme sur la préservation de l’intégrité textuelle du projet de loi notamment sur certains passages qui risqueraient de se voir souligner en rouge en passant à l’amendement parlementaire. Dans une sorte de guerre de renvoi des parades…
Voter une loi est une chose, l’appliquer est plus difficile …
L’adoption de ce projet de loi tant attendu sera sans doute l’un des actes finaux les plus importants en termes de la protection juridique de la femme par l’assemblée nationale et par le gouvernement actuel. Une fois cette étape franchie, le grand défi sera celui de l’application des dispositifs énoncés par cette loi. De son entrée en vigueur sera mesurée la responsabilité des juges qui auront à traiter des cas en rapport avec cette loi. Les lois ne manquent. Les respecter reste plus complexe et les appliquer par les tribunaux, encore un rêve. Dans une société archaïque où ” les mœurs, qui, souvent, n’ont pas de raison, l’emportent sur la loi. ” disait Balzac.
Amadou Diaara