A quelle sauce on bouffe le consommateur ?
Depuis quelques années c’est la même rengaine à laquelle se livre le ministère du commerce dans sa campagne de lutte contre les produits contrefaits ou périmés. Les brigades d’investigations chargées de mener les opérations de « répression » contre les contrevenants aux règles en matiere du respect des normes sanitaires des produits de consommation , découvrent des cas énormes de faux et usage de faux dans les marchés , lieux par excellence de trafics de tous genres dans la vente des produits périmés de longue date . Au grand dam du consommateur qui ne sait plus à quelle sauce il est bouffé….
Ces « poisons » alimentaires atterrissent dans la gargote des ménages au prix d’un préjudice sanitaire irréparable. Au milieu du vacarme des étales de fortune « wanter miyé miyé » aménagés en plein air, les clients alléchés par des prix au rabais achètent sans se soucier ni de la qualité encore moins de la date de péremption. Ici tout est à portée des portefeuilles des pauvres. Des foires du périmé à gogo : lait en poudre ou conservé frais , sucre mélangé à toutes sortes de résidus, des produits de cuisson , des yaourts , amuse-gueules , savons et autres cosmétiques cancérigènes … attirent la convoitise des passants . A toutes heures ça grouille du monde. Une dame en position courbée ramasse pêle-mêle à tour de bras les denrées à des prix « cassés ». Et le panier est rempli avec seulement 100 MRU. Cet autre acheteur trie dans cet achalandage anarchique de la friponnerie à bon marché. Il faut jouer des pieds et des mains pour se frayer un chemin. Les pickpockets sont à vos trousses. Ils se confondent aux clients.
Dans ces marchés la vente des viandes rouges ou blanches, pattes alimentaires dattes pourries poisson etc… les denrées s exposé au milieu des déchets asphyxiants n’éveillent nullement l’attention de ces équipes agréées et équipées qui semblent avoir plus l’esprit sur le bakchich des gros commerçants que sur la santé des consommateurs démunis. Le contrôle des conditions d’abattage par les services vétérinaires laisse à désirer. Sur toute la chaine alimentaire allant de l’abattage, au transport à ciel ouvert jusqu’à la distribution dans les marchés les conditions d’hygiènes sont piteuses. Pas étonnant de retrouver dans nos plats de la viande prohibée ou cadavérique tant il est difficile pour un acheteur de distinguer la qualité de cette chair. Au marché du 5eme la vente des filières d’avortons d’animaux par des bouchers très connus pour ce genre de « cochonneries » , attire la clientèle pauvre et les restaurations de fortune comme cela pilule dans la ville. L’appétit que créé la facilité se fait au mépris de l’hygiène gastronomique et expose les consommateurs à des risques de pathologies gaves. Des enquêtes ont démontré que les maladies provoquées par une mauvaise alimentation se développent de plus en plus dans les pays où les contrôles sanitaires sont inexistants ou très précaires.
Aux pauvres le « chiche » et aux riches le luxe
Le consommateur mauritanien est pris au piège entre la cupidité des commerçants prêts à mettre en péril la vie des citoyens et l’absence de choix de ce qu’on consomme faute de moyens autorisant à imposer sa volonté . Si comme on dit le client est roi c’est sous d’autres cieux où l’acheteur a l’embarras de se ravitailler comme il veut. Faute des grives on mange des merles
Les nantis eux peuvent se payer le luxe de se ravitailler dans le calme douillet des supermarchés huppés au prix épinglés sur les produits et passer à la calculette électronique de la caisse après avoir rempli son charriot. Pour autant cette apparence de façade dans certains cas peut être trompeuse en termes de label qualité prix. Ces endroits VIP ne sont pas exempts de contrefaçons et abus de confiance dont les consommateurs ne sont pas à l’abri. La lutte contre les pratiques délictueuses dans les marchés a encore de longs jours devant elles à cause d’une part du manque de qualification du personnel de con trole des produits de consommation courante et d’autre part par la corruption ou les interventions qui protègent les commerçants plus que le consommateur toujours sacrifié à l’autel d’une libéralisation sauvage. Face à la loi des gros bonnets , l’Etat carapate et c’’est le pauvre consommateur qui trinque !
- 881 infractions en un mois, un record…
Le ministère du commerce, de l’industrie, de l’artisanat et du tourisme a révélé que pendant le seul mois de juin, 881 infractions ont été enregistrées, lors des descentes des missions de contrôle des produits dans les marchés. Ces violations graves se rapportent soit à la saisie de produits périmés ou des contraventions dues à l’absence des grilles officielles des prix dont l’indexation est obligatoire sur le tableau d’affichage. Des fautes passibles de lourdes amendes.
Dans la foulée de ces descentes régulières les brigades de contrôle, ont également procédé à la fermeture de 72 lieux de ventes, boucheries, épiceries et d’une usine d’embouteillage d’eau minérale clandestine.
Au sujet de l’augmentation des prix de certains produits, comme l’huile de table, le ministère s’est contenté d’évoquer le cours du marché mondial. Un constat qui ne fait que révéler l’impuissance de l’Etat à mettre en place des mécanismes d’atténuation
La rédaction