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Coup de filet tardif, les grands cerveaux toujours dans l’ombre?


Des opérations coordonnées, survenues après des recoupements d’informations ou de simples hasards d’enquête, ont récemment permis aux autorités mauritaniennes de frapper plusieurs réseaux illicites. Des actions bienvenues, mais qui interviennent alors que les circuits parallèles se sont déjà largement installés.

Le mois d’avril a été marqué par une vaste opération de la gendarmerie nationale, ayant conduit à l’arrestation de 39 personnes impliquées dans des affaires de cybercriminalité. Les pertes financières sont évaluées à plus de 151 millions d’ouguiyas. Au total, 342 comptes bancaires ont été gelés, certains directement utilisés dans des systèmes de fraude en ligne. Cette cybercriminalité structurée, parfois facilitée par la négligence ou la complicité involontaire de victimes, révèle l’ampleur et la sophistication des réseaux en place.

Dans le même temps, le ministère de la Santé a mené une opération d’inspection dans la moughataa d’Adel Bagrou, débouchant sur la saisie de quantités importantes de médicaments non autorisés : antibiotiques, hormones, sirops d’origine incertaine… Ces produits, souvent stockés dans des conditions insalubres, étaient destinés à un marché parallèle échappant à tout contrôle sanitaire. Le ministère a salué une intervention « exemplaire » et rappelé les risques encourus par les citoyens.

Si ces actions traduisent un sursaut salutaire, elles laissent cependant planer une question fondamentale : où sont les véritables instigateurs ? Les personnes interpellées ne sont souvent que les exécutants visibles d’un système bien plus vaste. Les cerveaux qui organisent, financent et protègent ces trafics continuent, eux, d’échapper à la justice.

Affichant désormais leur détermination à renforcer la surveillance et les inspections, les autorités devront aller plus loin. Car tant que les structures financières souterraines resteront actives et que les commanditaires demeureront dans l’ombre, chaque réseau démantelé en fera naître un autre. La lutte contre les produits prohibés exige plus qu’un coup de filet : elle appelle une stratégie ciblée, soutenue et implacable.


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