« Carrefour Bamako » de Nouakchott
Des étrangers expulsés vers la frontière à bord de bus
Une vaste opération coup de poing se poursuit depuis quelques jours avec force à Nouakchott contre des ressortissants étrangers en situation irrégulière du fait de la non possession de la carte de séjour. La police qui effectue chaque jour des rondes dans les quartiers populaires embarque une centaine de personnes issues des pays d’Afrique notamment du Sénégal, du Mali, du Nigéria etc. Ces opérations donnent lieu à des courses-poursuites dangereuses. La police traque les personnes ciblées jusque dans les maisons pour les trainer avec force dans les rues avant de les jeter dans des bus. La présence des pick-up de la police créée la panique dans les banlieues avec des scènes de débandades inédites. Dans la confusion il arrive que de propres mauritaniens noirs soient conduits dans les véhicules et acheminés aux commissariats pour être libérés une fois l’identité prouvée. Et si d’aventure ces mauritaniens ne possèdent pas de pièces d’identités alors qu’ils en sont empêchés par la discrimination biométrique ? Ces descentes de la police s’intensifient le soir aux heures de retour des étrangers chez eux après le travail. Les chantiers de construction ou autres lieux de prédilection de la présence des sans papiers de séjours sont sous surveillance policière. Quand le nombre d’arrestations dépasse les capacités d’accueil des endroits de rétention, les personnes en situation irrégulières sont conduites aux frontières pour être expulsées. Il arrive que de leur propre ressort des agents de sécurité chargés de mener ces opérations libèrent des personnes contre des rançons. La chasse aux personnes en situation irrégulière est favorisée par la lenteur de la délivrance des cartes de séjours. Les bureaux qui étaient ouverts pour accomplir les formalités ont été suspendus. Il faut passer par des circuits intermédiaires pour obtenir difficilement la précieuse pièce. Dans ces conditions les personnes étrangères séjournant en Mauritanie sont exposées aux risques de se retrouver aux frontières des pays voisins ou de rester terrées à leurs domiciles comme des rats. Les ambassades de ces pays concernés sont partagées entre l’obligation de respecter les législations mauritaniennes et l’exigence de protéger leurs ressortissants sans en disposer des prérogatives qui relèvent plus des compétences diplomatiques des Etats. Ce week-end a été le théâtre d’un vaste mouvement de convois de bus observés sur la route de Rosso au carrefour Bamako PK 10 où des centaines d’étrangers sont en route vers la frontière. Un spectacle qui ne passe pas inaperçu.