Ould Yengé / Une manifestation contre la soif sévèrement réprimée
La ville de Ould Yengé est plongée dans une crise d’‘eau interrompue en cette période de fortes chaleurs. Les robinets ne suintent même pas dans la plupart des ménages abonnés. Ceux qui arrivent à s’approvisionner sobrement ont la chance de profiter de la montée de la pression sur les endroits de basse altitude. L’agence en charge de la gestion et de la distribution de l’eau la SNDE n’a d’autres réponses à apporter que les « factures du vent » comme les qualifient les abonnés qui n’en peuvent plus de supporter cette situation horrible. Pour exprimer leur ras-le-bol, des dizaines de jeunes filles ont décidé le jeudi 09 avril de faire entendre leurs voix en s’alignant pacifiquement devant le domicile du chef d’agence de la SNDE. C’est alors que l’épouse de ce dernier brandit avec sang froid un fusil et menaça de tirer sur le groupe de manifestantes. Sans céder aux sommations de la dame, elles continuent de s’agglutiner sur les grilles de la maison qui se transforma en théâtre de projectiles venant tous azimuts des camps qui s’affrontement. Alertée par les escarmouches, la gendarmerie fit une descente rocambolesque pour réprimer impitoyablement les manifestantes et dans la foulée, plaça 15 filles en garde à vue à la brigade de gendarmerie , entassées collectivement dans une pièce, brutalisées et privées même du rituel de la prière. Deux parmi elles n’ont eu droit à allaiter leurs nourrissons pendant toute la journée. En revanche la porteuse de l’arme dépossédée de l’objet délictueux n’a subi ni menace, ni interpellation. Plutôt la protection ! Pour étouffer cette histoire gravissime et tenter de se soustraire de leurs lourdes responsabilités face au déni de justice et à la violation flagrante des droits humains, l’autorité administrative et sécuritaire a remis en liberté les victimes non sans avoir interpellé les responsables parentaux à titre de caution morale pour calmer toute velléité de vindicte sociale Loin de calmer la colère d’une population assoiffée et soumise à toutes les formes d’oppressions inhumaines et dégradantes, les revendications sociales à la première ligne desquelles la question d’accès à l’eau constitue un droit imprescriptible consacrée par la constitution et par le droit universel de la personne humaine à disposer de l’eau potable. Tout comme le droit de manifester pacifiquement pour réclamer ses droits fondamentaux à vivre dans la dignité. La tension des populations du quartier « Ksar » le géniteur d’une ville à la merci de l’autorité d’une administration locale plus prompte à réprimer ses habitants qu’à soulager leur soif. L’eau ne manque pas au sens hydrogéologique dans une ville au cœur du karakoro assise sur des nappes souterraines et arrosée par les eaux de surface pendant la période des hautes crues. C’est la gestion sélective de la ressource qui pose problème. Les abonnés ne sont pas traités sur le même pied d’égalité révèlent des témoignages qui indiquent qu’ « il y a le camp des assoiffés qui payent des factures pour rien et celui des privilégiés »
Les responsabilités institutionnelles sont à situer sur toute la chaine allant du choix des bureaux d’expertise en recherche des sites hydrogéologique à l’attribution des marchés jusqu’ à l’installation et le fonctionnement du réseau d’adduction d’eau. Au final c’est la population qui trinque !
La SNDE doit, dans la situation actuelle, rendre des comptes sur sa gestion des facturations dont l’indexation ne correspond pas à la consommation réelle. Une grosse arnaque qui se fait sur le dos des pauvres abonnés. En attendant, les clients menacent de se désabonner du réseau de la SNDE et se tourner vers d’autres sources alternatives d’approvisionnement en eau tout en interpellant les hautes autorités sur les conséquences de cette épreuve qu’ils continuent à endurer.