Médias

Des braises sous un projet de loi


Dans  l’emphase d’un discours jaillit d’une visite effectuée au Trarza , il y a quelques jour,  Mohamed Ould Ghazouani   évoquait avec un ton ferme  la menace que représente  la  propagation dans les réseaux sociaux de discours bellicistes non sans.qualifier leurs auteurs de pyromanes. Le message est on ne peut plus clair pour qui sait lire entre les mots le projet qui se profile derrière cette rhétorique présidentielle. Et patatras l’annonce est faite sur un projet de loi qui n’attendait que conseil des ministres pour être adopté. Que vise-t-il donc et pourquoi tant de précipitation à vouloir légiférer dans un contexte politique relativement calme. Quelles menaces  craint on aujourd’hui plus qu’hier en matière d’unité nationale pour que subitement on veuille durcir le ton et mesurer au compas et à l’équerre là où  notre liberté doit s’arrêter , aux portes d’une énième loi barricadent nos opinions et prises de positions? Est-ce la meilleure manière de rendre service à la liberté d’expression puisque c’est d’elle qu’il s’agit réellement? Quelle manœuvre pousse notre président à s’engager subitement dans  une pente abrupte au point de prendre de  court les professionnels des médias qui ont grincé les dents et froncé les sourcils. Eux qui semblaient  croire aux acquis sur la liberté d’expression obtenue au prix d’une douloureuse bataille craignent un retour à l’âge de la baillonnette. Et ces avancées qui ont jusque-là consacré la liberté de la presse l’ont été successivement sous la période de la première transition démocratique conduite par feu le colonel Ely Ould Mohamed Vall puis par le président  élu démocratiquement feu Sidi Ould Cheikh Abdellahi pour être poursuivi pourtant par l’ex president Aziz qui en dépit de ses mauvaises relations avec la presse et les hommes politiques de l’opposition n’avait adopté une telle approche restrictive à l’égard de la liberté de penser.  D’ailleurs avec lui la communication avec la presse était régulière quoiqu’on dise !

Il est normal de tracer les frontières entre le droit de s’exprimer et la liberté d’offenser sans toutefois verser dans l’amalgame où une loi  viendrait installer la.peur et le terrorisme intellectuel. De telle sorte qu’un journaliste serait attaqué en justice pour le simple fait d’avoir observé que lors d ‘un conseil des ministres  les nominations ont un caractère tribal ou strictement familial. Ou encore que l’accaparement des terres viserait des communautés sociales données etc. Oserait – on qualifier telle décision de raciste ou de xénophobe même si les preuves existent? C’est dire que personne n’est épargné surtout les leaders d’opinion et autres analystes politiques. Les raisons de s’inquiéter sont bien réelles si on brandit les arguments trop crus d’atteintes à l’unité nationale. La loi a toujours défini les contours des libertés aussi bien  dans les pires régimes d’exception  que les régimes démocratiques. Vouloir davantage en rajouter   c’est faire un rétropédalage là où il ne  fallait pas. Le président doit se consacrer à autre chose que jeter une pierre dans le champ des libertés . Les réseaux sociaux sont des médias alternatifs entre les mains d’anonymes qui n’ont certes pas le droit d’abuser du virtuel . Mais c’est un cadre ouvert aux débats contradictoires où des modérateurs avertis interviennent pour recadrer les débats. Quant  à la presse professionnelle ,son rôle n’est pas à démontrer pour son implication libre et courageuse dans la construction de la démocratie, nonobstant certains travers inhérents à l’environnement dans lequel elle baigne.

A ceux qui donneront du contenu à  ce projet de loi on leur demanderait de la retenue et de la lucidité dans ses amendements. Et au président de ne pas céder aux  mauvais chants  des sirènes. Vivement les libertés pour que vive la démocratie.

CTD

 

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