Législatives, régionales et municipales en Mauritanie: dernière ligne droite de la campagne
En Mauritanie, les électeurs sont appelés à choisir leurs députés, maires et présidents de région. La campagne bat son plein à travers le pays. C’est la dernière ligne droite avant la clôture de la campagne, demain soir, jeudi 11 mai.
Ce soir-là, à Nouakchott, quelques centaines de militants du parti El Insaf sont toujours rassemblés dans une cour du quartier Sebkha, l’une des huit communes urbaines de la capitale.
Tous sont venus soutenir les cadres du parti dont le prétendant à la mairie de Sebkha, qui espère ravir le siège à l’opposition grâce à l’impulsion du président Mohamed Ould Ghazaouani : « Il y a une rupture entre le président et les autres, dit-il. Le seul discours qu’il tient est un discours de vérité.
C’est ce langage de vérité, à mon avis, qui attire beaucoup de gens. Il a rompu complètement avec l’hypocrisie ».
« La jeunesse est engagée », selon le parti au pouvoir
Dans l’assistance, beaucoup de femmes et surtout des jeunes, comme l’ingénieur El Hadj Amadou qui veut alourdir le poids du parti au pouvoir dans la capitale : « Tout le monde sait qu’aujourd’hui, au XXI siècle, la jeunesse c’est la fibre vraiment de développement dans tous les pays du monde.
Donc, il n’y a pas exception en Mauritanie. La jeunesse est engagée, elle est déterminée, la jeunesse est consciente et elle veut prendre des choses en main, prendre ses responsabilités, défendre son programme et surtout aller de l’avant, surtout ».
Même si le parti El Insaf part favori face à une opposition dispersée, ces élections font figure de test de popularité pour le président Mohamed Ould Ghazaouani.
Le parti d’opposition Sawab, de Biram Dah Abeid, veut gagner une commune acquise au pouvoir
La nuit commence à tomber et plusieurs centaines de militants s’agglutinent autour du siège de campagne du parti Sawab, situé dans la commune de Tevragh-Zeina, la plus riche et la plus importante de Nouakchott en termes d’électorat.
Beaucoup de femmes et des jeunes vêtus des couleurs blanc et jaune. Ils viennent soutenir la coalition du militant Biram Dah Abeid :
« Nous avons besoin d’un changement pour une Mauritanie nouvelle, égalitaire, où chacun peut trouver son compte. C’est un militant qui a milité depuis son bas âge et qui continue à le faire sans tromper. »
La star du jour, c’est Youssouph Camara, candidat à la mairie de Tevragh-Zeina. Écologie, éducation, inclusion, culture : l’opposant espère que les idées portées par Biram Aah Abeid lui donneront la victoire dans cette commune habituellement acquise au pouvoir :
« Biram Dah Abeid, depuis 2008, a façonné le paysage politique de la Mauritanie. Ses camarades et lui, au prix de sacrifices, au prix du don du sang, se sont mis aux côtés des populations et face à la tyrannie, à l’arbitraire, aux pratiques esclavagistes et à l’esclavage. C’était aussi pour répondre à l’appel d’un projet politique pour la Mauritanie. »
Les militants espèrent aussi faire avancer leurs idées à l’Assemblée nationale en faisant élire d’anciennes victimes de l’esclavage.
Avec notre envoyé spécial à Nouakchott, Sidy Yansané
Les femmes espèrent progresser dans leur représentativité politique
Alors que les élections législatives municipales et régionales auront lieu le 13 mai 2023, les femmes organisent la majorité des activités de la campagne.
Très investies, une liste nationale leur est même réservée pour améliorer leur représentation à l’Assemblée nationale. Mais, malgré ces progrès, elles ne représentaient même pas 21% des députés de l’Assemblée sortante. Cette année, elles espèrent faire mieux.
Dans ce marché couvert de Nouakchott, les militantes du parti d’opposition islamiste Tawassoul redoublent chaque soir d’effort pour battre campagne. Cette année, elles espèrent que les femmes représenteront au moins le quart des députés à l’Assemblée nationale.
Mais, pour cette candidate à la députation de ce parti, le changement des mentalités se fera progressivement : « En Mauritanie, la femme a un rôle de leader. Elle est habituée à prendre les décisions dans son foyer.
Mais en politique, elle a longtemps été mise à l’écart, par manque de connaissance dans ce domaine. Avec le temps, la femme finira par occuper un rôle de leader en politique dans cette société qui tient à ce qu’elle ait une place centrale. »
« Autonomes »
Jusqu’ici les femmes bénéficiaient d’une vingtaine de sièges au Parlement, et ce quel que soit leur score, grâce à une liste nationale. Cette année, la loi exige en plus que les partis leur réservent des places plus stratégiques dans leurs listes.
Selon Fatimatou Bint Abdel Malick, l’une des seules candidates à la tête d’une liste régionale et membre du parti au pouvoir, des progrès ont été réalisés mais les femmes doivent encore se mobiliser : « Cela tient aussi à ce que les femmes elles-mêmes s’intéressent à la politique, il faut qu’elles soient autonomes, qu’elles puissent elles-mêmes financer leur campagne, qu’elles puissent s’intéresser elles-mêmes à se positionner dans les listes électorales. Quelque part, c’est un grand combat que nous devons mener et nous sommes là pour ça. »
Selon la Commission nationale électorale indépendante, les partis qui ne respecteront pas la loi sur la représentativité seront sanctionnés.
Reportage à Nouakchott, Léa Breuil