L’opposition joue sa survie
L’une des grandes inconnues des élections du 13 mai 2023 sera le score que réalisera l’opposition, en tant que force politique, face au parti au pouvoir El Insaf et, de manière générale, à l’ensemble de la majorité.
En termes de comptabilité, ce sont huit (8) formations ou coalitions qui défendent les couleurs de l’opposition contrr dix-sept (17) dans l’autre camp. Autant dire que, suivant ce premier critère, l’opposition part avec le handicap du nombre. Un désavantage certain qui aurait dû pousser ces partis à s’allier, unir leurs forces, pour résister à la déferlante d’un parti au pouvoir qui a l’avantage du terrain (il présente des candidats sur l’ensemble du territoire national), celui des moyens (l’appui financier conséquent des hommes d’affaires et de ses cadres nommés à de grands postes) et, surtout, la mobilisation au nom de la tribu pour des considérations de leadership local.
Dans cette situation, les partis d’opposition connaîtront des fortunes diverses.
Si le parti Tawassoul donne l’impression d’être toujours “la première force de l’opposition”, capable de terrasser le parti au pouvoir dans certaines moughataas de Nouakchott et de lui ravir la région qu’il avait perdu de justesse en 2018, il est certain que d’autres formations comme le Rfd d’Ahmed Ould Daddah et l’APP de Messaoud Ould Boulkheir ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Sans la vigueur – et la rigueur – connues de leurs présidents rattrapés par l’âge, les deux anciens “plus grands partis de l’opposition” risquent, en 2023, d’entrer dans une rémission politique qui annonce la fin d’un cycle et le début de grands changements dont la nature reste la grande inconnue.
On pourrait dire la même chose de l’Ufp de Mohamed Ould Maouloud dont la constance idéologique est vue comme un atout, par les uns, mais un sérieux handicap par les autres, et de la coalition CVE-CVE-VR-AJD/MR-FPC. Les leaders de ces formations politiques estampillées “partis Negro-africains” de Mauritanie, avaient tenu parole en allant aux élections en rangs serrés, sachant pertinemment qu’elles sont la cible “privilégiée” de tous ceux qui font front contre la cohabitation et rejettent toute idée de partage du pouvoir – et des richesses – du pays comment un compromis politique de première nécessité.
C’est dire donc que, dans ces élections 2023, l’opposition mauritanienne joue sa survie politique dans un contexte particulier différent en tout de celui créé, à dessein, par l’ancien président Aziz. “L’apaisement” dont Ghazouani s’est fait le chantre n’a pas été mis à profit par l’opposition pour réorganiser ses troupes et opérer des réformes internes lui permettant de sortir des élections à venir avec un score honorable. Elle risque alors, cette opposition, d’en payer le lourd tribut aujourd’hui.
Sneiba Mohamed