Refoulement des migrants en Mauritanie : Entre souveraineté et brutalité
La Mauritanie semble avoir décidé de pousser le concept de « souveraineté nationale » à son paroxysme. Après des semaines d’opérations d’expulsions massives de migrants subsahariens en situation irrégulière, la question n’est plus de savoir si la politique en place est juste ou humaine, mais plutôt jusqu’où un gouvernement peut-il aller pour maintenir son image de « forteresse » sans égard pour le respect des droits fondamentaux.
Sous le prétexte d’assurer sa sécurité nationale et de gérer ses frontières, le régime mauritanien s’est engagé dans un processus de refoulement systématique des migrants. Des centaines, voire des milliers, ont été expulsés dans une indifférence totale au sort de ces individus. À l’instar d’une vague déferlante, ces migrants sont poussés, jetés sur des routes hostiles, parfois sans nourriture ni soins, dans un silence assourdissant de la communauté internationale.
Le gouvernement de Mohamed Ould Ghazouani défend cette politique en invoquant la nécessité de protéger la « souveraineté » du pays. Comme si la Mauritanie, avec son économie fragile et ses infrastructures obsolètes, était une forteresse inexpugnable dont les murs devraient être nettoyés de toute « contamination extérieure ». Certes, tout pays a le droit de contrôler ses frontières, mais ce qui se passe actuellement est bien plus qu’un simple contrôle : il s’agit d’une brutalité inouïe, d’un rejet pur et simple d’êtres humains. Ce n’est pas de la souveraineté, mais une gestion inhumaine, une déshumanisation à l’échelle industrielle.
Et que dire de l’argument de la « surpopulation » des migrants ? La Mauritanie, un pays qui peine à fournir un emploi à sa propre population et qui n’arrive pas à faire face à ses propres défis sociaux, ne semble pas disposer de la moindre stratégie pour intégrer ces migrants dans la société ou leur offrir une alternative digne. Non, l’option choisie est celle du refoulement. Mais au-delà de l’argument économique, c’est une question morale qui se pose. Combien de vies seront détruites, combien de familles brisées avant que le gouvernement ne se rende compte que cette politique n’est rien d’autre qu’une aberration ?
Ce n’est pas une question de contrôle des flux migratoires ; c’est une question de dignité humaine. La brutalité avec laquelle les migrants sont traités, leur expulsion sans ménagement et l’absence totale de considération pour leur sort, tout cela montre que la Mauritanie ne défend pas sa souveraineté, elle défend sa volonté de nier la souffrance humaine pour maintenir une façade de « progrès » et de « sécurité ».
Les autorités mauritaniennes aiment répéter qu’elles ne font que respecter les accords internationaux en matière de sécurité. Mais combien de fois avons-nous vu les accords internationaux être réduits à une simple formalité, quand il s’agit de sauver des vies humaines ou de respecter les droits des plus vulnérables ? Ces expulsions sont tout sauf un acte de solidarité ou de justice, mais une tentative cynique de garder la face tout en fermant les yeux sur les atrocités commises à la frontière.
Et que dire des pays d’origine de ces migrants, qui ferment les yeux sur les souffrances de leurs citoyens expulsés, ou pire, qui les ignorent avec une indifférence glaciale ? La Mauritanie a beau revendiquer sa souveraineté, cela ne lui donne ni le droit de briser des vies ni de tourner le dos à ses engagements internationaux en matière de droits de l’Homme. Une souveraineté ne se construit pas sur la souffrance des autres, mais sur le respect des principes universels qui nous lient tous.
Au final, la Mauritanie n’a pas seulement érigé des murs physiques, elle a instauré un mur moral. Un mur fait de brutalité, d’indifférence et d’hypocrisie. La souveraineté d’un pays ne se mesure pas à sa capacité à refouler, expulser ou briser des vies, mais à sa capacité à gérer avec humanité ses frontières et à respecter les droits de ceux qui traversent ses terres. Si la Mauritanie veut se bâtir un avenir de dignité, elle doit abandonner cette politique du rejet et faire preuve de la responsabilité que la souveraineté véritable exige : celle du respect de l’humain.