Les perspectives du dialogue annoncé par le président Mohamed Ould Ghazouani : Un espoir ou une nouvelle impasse ?
Le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, a récemment annoncé l’ouverture d’un dialogue politique, une initiative qui semble capter l’attention de nombreux acteurs de la scène politique nationale. Toutefois, ce dialogue suscite également un scepticisme généralisé. Alors que certains y voient une occasion de pacification et d’amélioration de la gouvernance, une grande partie de l’opinion publique et certains partis politiques y perçoivent un simple artifice politique destiné à détourner l’attention des véritables problèmes qui minent le pays.
Un scepticisme nourri par l’histoire des dialogues passés
La Mauritanie a déjà connu plusieurs dialogues politiques qui, bien que médiatisés et souvent salués par les autorités, n’ont pour la plupart débouché sur aucun changement substantiel. Les accords qui en sont issus sont rapidement tombés dans l’oubli, et les promesses faites n’ont pas été suivies de réformes concrètes. Cette répétition d’échecs a engendré une forme de méfiance chez les Mauritaniens, qui considèrent désormais ces dialogues comme des manœuvres destinées à apaiser l’opinion publique tout en préservant le statu quo.
Dans ce contexte, l’annonce d’un nouveau dialogue pose une question essentielle : celui-ci sera-t-il différent des précédents ? Les Mauritaniens, de plus en plus désabusés par des promesses non tenues, montrent peu d’enthousiasme pour un exercice qui semble condamné à échouer à nouveau. Ce scepticisme grandissant nourrit l’idée que ces dialogues sont plus des distractions que des solutions véritables aux défis structurels du pays.
Un besoin urgent de refondation de l’État
Plutôt que de se concentrer sur des dialogues stériles, nombreux sont ceux qui estiment qu’il est grand temps de repenser complètement le modèle politique du pays. La Mauritanie ne doit pas seulement se contenter de discussions superficielles, mais entreprendre une véritable refondation de l’État. Ce processus nécessiterait des réformes profondes et une révision des structures politiques, économiques et sociales actuelles. Il s’agirait d’une démarche ambitieuse, loin des simples compromis politiques, et centrée sur des solutions durables répondant aux véritables attentes des citoyens.
Cette refondation ne pourrait être réalisée sans une participation active de toutes les forces vives de la société mauritanienne. Plutôt que de multiplier les dialogues formels, il serait pertinent de s’appuyer sur les propositions déjà formulées par les partis politiques, les initiatives de la société civile, les intellectuels, et d’autres acteurs engagés. L’objectif serait de construire un programme national inclusif, fondé sur un large consensus, pour traiter les problèmes réels du pays, au lieu de perdre du temps dans des discussions qui finissent par se solder par un échec.
Repenser l’unité nationale à travers l’action concrète
La reconstruction de l’unité nationale ne peut être obtenue par des discours
ou des textes sans application. Elle nécessite des actions concrètes et des réformes systématiques. Le véritable défi consiste à passer de la parole à l’acte, à sortir des formats traditionnels de dialogue pour se concentrer sur une transformation structurelle du pays. Les Mauritaniens ne cherchent plus des promesses, mais des réponses concrètes à leurs besoins et à leurs aspirations. L’unité nationale ne se construira pas à travers des discours de circonstance, mais par des actions claires et une volonté politique affirmée de repenser les bases du pays.
Ce n’est que par un changement de paradigme, en prenant en compte la pluralité des projets politiques et des initiatives citoyennes, que la Mauritanie pourra espérer amorcer une véritable transformation. Un tel processus pourrait, en effet, offrir une alternative plus solide et plus prometteuse qu’un énième dialogue voué à la même impasse.