Liberté de la presse en Mauritanie : un modèle en Afrique, mais des voix étouffées sur les réseaux
En 2025, la Mauritanie se hisse une nouvelle fois au sommet du classement africain de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières (RSF). Le pays occupe la 33e place mondiale, loin devant nombre de ses voisins, un classement qui vient saluer les réformes entreprises ces dernières années.
La dépénalisation des délits de presse, portée par des lois plus modernes et un environnement institutionnel stable, a permis aux médias traditionnels de respirer. Dans les rédactions de Nouakchott, les journalistes témoignent d’une plus grande marge de manœuvre et d’un climat moins tendu qu’auparavant.
Mais ce tableau positif s’assombrit dès que l’on sort des salles de rédaction pour plonger dans l’univers numérique. Sur les réseaux sociaux, plusieurs voix critiques ont été récemment réduites au silence. Blogueurs, journalistes indépendants et activistes ont été arrêtés, interrogés ou convoqués par les autorités après avoir publié des propos jugés sensibles ou critiques envers le pouvoir.
« On peut écrire dans les journaux, mais sur Facebook ou Twitter, c’est une autre histoire », confie sous couvert d’anonymat un jeune blogueur mauritanien. « Dès qu’on touche à certains sujets, on risque des ennuis. »
Des ONG locales et internationales tirent la sonnette d’alarme. Elles dénoncent une forme de répression plus subtile, mais bien réelle, visant à museler l’expression citoyenne en dehors des circuits médiatiques classiques. Cette situation révèle un paradoxe : alors que la liberté de la presse progresse, celle d’opinion, notamment en ligne, semble reculer.
La Mauritanie, saluée pour ses avancées, est donc à la croisée des chemins. Le pays devra démontrer que son engagement en faveur de la liberté de la presse ne s’arrête pas aux médias traditionnels, mais englobe aussi la protection de toutes les formes d’expression, y compris les plus indépendantes.