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Route de l’Espoir : quand la route de la vie devient celle de la mort


Sur plus de 1 000 kilomètres, la route de l’Espoir relie la capitale aux régions de l’intérieur. Jadis synonyme de développement et d’échanges, elle est aujourd’hui associée à un sinistre fléau : l’insécurité routière chronique. Chaque semaine, des accidents tragiques s’y multiplient, endeuillant des familles entières et révélant l’ampleur de l’impuissance des autorités.

Le dernier drame en date a glacé l’opinion publique : six membres d’une même famille ont péri dans une collision entre leur véhicule léger et un camion transportant des bonbonnes de gaz butane. L’impact a provoqué une explosion d’une rare violence, calcinant entièrement les corps. Il a fallu attendre de longues heures avant que les secours n’arrivent, dans des conditions logistiques rudimentaires, pour procéder à l’extraction des victimes.

Ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Chaque semaine, une dizaine d’accidents sont signalés sur cet axe. Les causes sont connues : excès de vitesse, dépassements dangereux, fatigue au volant, véhicules mal entretenus, surcharge excessive… Cette dernière est un facteur aggravant de plus en plus fréquent. De nombreux véhicules de transport de passagers excèdent largement la capacité autorisée en bagages, altérant leur stabilité et augmentant les risques. Une infraction pourtant réprimée par une simple amende, qui reste inefficace faute de contrôles rigoureux.

Une réaction massive sur les réseaux sociaux

L’émotion suscitée par cette tragédie s’est rapidement propagée sur les réseaux sociaux. En l’espace de quelques heures, des images insoutenables ont circulé sur Facebook, Twitter et WhatsApp. Les internautes, choqués, ont exprimé massivement leur colère et leur exaspération face à l’inaction des pouvoirs publics.

« Encore un carnage sur cette route maudite, et toujours aucune ambulance, aucune équipe d’intervention ! », déplore un internaute. Des hashtags comme #RouteDeLaMort ou #JusticePourLesVictimes sont devenus viraux. Les commentaires dénoncent l’absence de contrôles, le mauvais état du réseau routier, et surtout l’absence de volonté politique pour affronter le problème de manière structurelle.

Des journalistes, des ONG locales et des citoyens influents ont relayé des appels à la réforme immédiate du secteur des transports. Certains exigent l’installation de postes de secours permanents, la surveillance électronique de la vitesse, la limitation stricte des charges et la formation des conducteurs professionnels.

Les autorités dans le viseur

Face à cette vague d’indignation, les autorités restent sur la défensive. Les promesses répétées de sécurisation des grands axes routiers, de patrouilles régulières et de centres de premiers secours n’ont jamais été concrétisées sur le terrain. Le manque de coordination entre les services de police, les secours et les autorités locales laisse les voyageurs livrés à eux-mêmes.

Cette défaillance systémique alimente un sentiment croissant de méfiance à l’égard des institutions. Pour de nombreux citoyens, il ne s’agit plus seulement d’une série d’accidents, mais d’un véritable échec de gouvernance.

Prévenir l’irréparable

À l’évidence, les messages de compassion et les discours officiels ne suffisent plus. Le pays a besoin d’une politique nationale de sécurité routière ambitieuse et immédiatement applicable. Cela implique :

la révision du cadre réglementaire du transport interurbain,

le contrôle strict des chargements et de la vitesse,

la présence de services de secours le long des grands axes,

et la mise à niveau des infrastructures.


Sans une volonté politique claire et des mesures concrètes, la route de l’Espoir continuera d’être le tombeau de milliers d’usagers. La société mauritanienne ne peut plus se contenter d’indignation : elle doit exiger des actes.


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