Les moulins à vent de l’ancien président Aziz
L’histoire de Mohamed Ould Abdel Aziz est celle d’un homme qui a connu en quelques années une ascension fulgurante. Avait-il un jour crû ou tout simplement caressé le doux rêve de porter les épaulettes d’un général, un grade que les grands officiers supérieurs de l’armée n’avaient jamais voulu se donner comme cadeau prestigieux (en charité bien ordonnée) alors qu’ils le pouvaient aisément. Certains par leur intégrité sont allés à la retraite sans presque rien. A peine une maisonnée où passer le restant de leur existence. L’honneur et la dignité militaire étant les valeurs les plus sacrées des soldats de la patrie, la carrière fut pour bien d’officiers de la première génération une vocation qui ne se monnayait pas contre le confort matériel. Cette belle incarnation de la noblesse dévolue à l’uniforme gardait une symétrie du béret aux bottes. La fierté de commander ou d’être subordonné se reflétait à travers la démarche élégante et la posture imposante du bidasse au haut gradé. Le bien était signe de déchéance morale . Quand tous les principes furent corrompus pour être supplantés par la vanité, la cupidité ostentatoire et l’insubordination insolente à la hiérarchie, la logique des contraires gagna la grande muette. Le supérieur ne donnait plus d’ordres et si cela se faisait, l’inférieur ne s’exécutait que timidement voire avec indifférence. Le départ à la retraite des cadres qui constituaient l’ossature éthique d’une armée républicaine a libéré la place aux autres générations notamment celles qui n’ont pas connu le cauchemar de la guerre du sahara ou qui ne sont pas allées loin sur les lignes de front des martyrs. Un homme jusque-là inconnu abrité sous l’ombre d’un certain Taya allait entrer dans l’histoire des coups d’Etat militaires avec à son actif deux en bonne et due forme. Commença pour cet homme au regard perçant une légende aux allures d’un conte de fée. Son nom tonne comme un coup de canon quand il fit échouer en 2003 les cavaliers du changement qui avaient dérouté une armée d’araignées chassée par une poignée de putschistes, et qui pendant 24 heures semaient la peur. Aziz réussit le sacré coup de maitre en débarrassant la capitale des poches de résistance des hommes de Hannena. L’estime et la confiance qui reviennent vite dans la tête du patron Taya qui voulait l’éloigner de lui une année auparavant. C’était sans connaitre les ambitions du commandant du bataillon de la sécurité présidentielle devenu le King- Kong de l’armée. Son rôle de faiseur de rois s’est confirmé après deux opérations de renversement des régimes et deux mandats passés à la tête de l’Etat. Aziz mis Out tous ceux qui osaient lui tenir tète pire ceux qui l’avaient parrainé financièrement ou socialement. Le grand banquier Bouamatou et son bras droit Debagh l’ancien président Ely Ould Mohamed Vall , des hommes d’affaires , des opposants n’ont pas échappé à cette chasse à l’homme sans répit. Le pays entier était suspendu comme sur une potence. Les conditions de vie des citoyens s’aggravaient, la monnaie se dépréciait et l’économie végétait sous le seau de la mauvaise gouvernance et le bradage des richesses nationales. Des contrats d’exploitation des ressources halieutiques, minières, énergétiques à longues durées avec des dessous de tables en plus de dons en nature et en numéraires signés dans la plus grande opacité ont mis en danger l’avenir du pays. Aucun secteur économique ou social n’est épargné par le bradage et le dragage des piliers de notre économie avec l’aide d’experts en manipulation des chiffres et du mensonge maquillé. Après avoir crié aux voleurs, aux conspirateurs, aux barbus, aux mercenaires, l’ancien président qui doit maintenant se regarder dans la glace, laisse derrière lui un héritage difficile à assumer par son dauphin. Mohamed Ould Ghazouani n’a trouvé pour tout dire que des moulins à vent …