Politique

Coup de projecteur sur le gouvernement de IOB

Les activités d’un gouvernement ne sont pas forcément quantifiables à travers les déclarations politiques et projets de réformes théoriques mais en termes d’exécution sectorielle suivant un timing accordé pour atteindre les résultats des objectifs fixés. C’est en somme assimilable à une action pédagogique. Il s’agit de transformer une projection virtuelle en réalisations concrètes suivant une démarche opérationnelle bien pensée. Qu’en est –il des différents secteurs du gouvernement de Ismail Ould Boddé ould cheih sidiya qui disons-le montre des signes de vitalité au quotidien sans encore arriver à convaincre réellement les citoyens sur un changement de cap et de stratégies Il est vrai que la nouvelle équipe brille par la compétence de ses hommes ce qui est un atout important bien apprécié par l’opinion publique. Mais il n’en est pas vrai que compétence rime toujours avec compétitivité dans la mise en œuvre de l’agenda – programme. A considérer même que les passifs de l’ancien régime ne soient pas reluisants, la logique de la continuité impose d’apporter des améliorations, des relances plutôt que la remise à plat des chronogrammes antérieurs. Ce qui ne donne aucune raison aux nouveaux venus de trouver des excuses quelconque pour justifier tel ou tel retard. Il y a des priorités qui n’attendent pas quelques semaines à plus forte raison des mois. Pour une plus grande visibilité, nous allons passer en revue quelques départements pour faire un état des lieux de la situation pour voir si les lignes ont bien bougé. Et si le contrôle de l’action gouvernementale par le parlement est efficace.

Le premier ministère

Le chef du gouvernement qui a eu à occuper des portefeuilles ministériels dans le régime passé, n’est pas un novice dans la gestion des affaires. Le locataire de la primature IOB est entré en plein régime sitôt à la tête de la machine gouvernementale. Il a formé son cabinet et réaménagé la vieille galerie. Avec un brin de népotisme que certains lui prêtent. L’homme multiplie les réunions et donne les directives à la pelle pour faire bouger la machine dans l’optique de sa déclaration de politique générale qui met l’accent sur des secteurs prioritaires que sont l’éducation et la santé. Les orientations vont dans le sens du programme de campagne du président Ghazouani sur lequel les hommes d’IOB sont attendus. Ce qui n’est pas en soi une nouveauté dans la tradition des régimes mauritaniens. Le PM coopté par le nouveau dirigeant du pays a fait le terrain pour constater de visu les réalités. Il lui manque encore du punch pour être plus incisif d’autant plus qu’il a carte blanche pour faire tourner les leviers. Il doit surtout se démarquer des influences des lobbies de l’extrême droite qui font un retour en force. L’invitation à un banquet réservé à des figures du parti de la majorité présidentielle moulées idéologiquement est vivement contestée dans les milieux du parti islamiste modéré Tawassoul. Le PM est aussi accusé très souvent de parti-pris dans certains dossiers où il doit être au –dessus de la mêlée. Notamment dans des concours de recrutement où des soupçons d’accointance ont entaché les résultats des concours. Et sa voix doit être plus audible en matière de communication au lieu de circonscrire l’exercice aux commentaires hebdomadiers du conseil des ministres. Sans pouvoir être d’ailleurs plus « Ghazouanite » que Ghazouani dont il coordonne l’exécution du programme gouvernemental, il doit au moins avoir l’envergure du capitaine qui fait avancer le jeu.

Quatre mois sont passés …

Si dans l’ensemble les ministres affichent des apparences dans le travail à travers des visites de terrain, des discours et communications dans les ponts de presse hebdomadaires, la plupart de l’équipe gouvernementale reste figée dans les activités bureaucratiques sans faire preuve de capacité à traduire dans les faits les axes prioritaires du programme sectoriel. Les promesses et ambitions ne manquent pas alors que les actions concrètes ne suivent pas.

Quelques départements tentent de sortir du lot :

Le secteur de la santé commence à donner quelques raisons d’espérer. Le ministre s’est livré à une véritable bataille contre les médicaments périmés ou contrefaits. Des quantités faramineuses de ces produits ont été retirés des officines et dans le marché noir pour être incinérés. Deuxième action de grande envergure : le respect de la distance de 200 m, requise entre les pharmacies. Le contrôle qualité des médicaments par des équipes agréées. En application de ces mesures, des centaines de pharmacies ont fermé boutique. Dans cette masse d’officines figurait un nombre important dont l’autorisation était douteuse ou qui enfreignent les normes en vigueur. En frappant fort dans la fourmilière, Dr Nedhirou Ould Hamed s’est attiré la colère des gros bonnets des milieux « médicaux –trafiquants » qui ont engagé avec lui un bras de fer sans merci. La revalorisation des conditions de travail et salariales est en cours d’étude. Une panoplie de mesures urgentes a été annoncée par le ministre de la santé dans ses différents déplacements dans le pays. La tache n’est pas aisée. Il y a beaucoup à faire pour assainir ce secteur longtemps dans l’agonie

Le ministère de l’habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire

La ministre en charge de ces départements s’est attaquée à des dossiers brulants non sans s’exposer à la grogne des gros prédateurs du foncier. Ce qui lui a valu de vives critiques et une campagne de dénigrement acharnée. Coups sur coup Khadijettou M Bouka a engagé une opération de démolissement des squatts et des occupations anarchiques de l’espace, des pratiques qui ont déformé le plan directeur de la capitale et des villes du pays. Un nouveau plan de restructuration des quartiers précaires de Nouakchott a été conçu pour fournir à ces zones des structures d’accueil plus viable et mettre un terme à l’anarchie périphérique.
L’opération la plus spectaculaire fut la démolition de certaines maisons construites sur la route reliant les quartiers d’Aïn Talh et de Tevragh-Zeina à Nouakchott; dans la zone de « Nimrouwat EMOUR) investie par des « intouchables ».
Une autre bataille contre les concessions rurales non régularisées notamment leurs morcellements qui se font sans respect des procédures. En vertu de l’application du code de l’urbanisme, les propriétaires de ces domaines ont été sommés de se mettre en règle au risque de se voir expropriés. Evidement cette mesure a sonné comme une bombe.

Le ministère de l’emploi , de la jeunesse et des sports

Là des jalons ont été posés par le ministre, Dr Taleb Ould Sid’Ahmed qui a mis en place un plan pour l’emploi destinée à insérer les jeunes chômeurs. Dans ce cadre, un protocole d’accord a été signé avec l’union nationale des employeurs visant à employer 6.000 travailleurs avant la fin du premier semestre de l’année 2020.. Ce quota sera réparti entre les différentes fédérations membres de l’union des employeurs de Mauritanie. Un diagnostic du marché de l’emploi a permis de déterminer les déséquilibres entre les compétences disponibles avec les besoins du marché. Pour élargir les opportunités le ministère est en train d’initier quatre projets avec le soutien de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement, de l’Union européenne et du Fonds international dans le cadre du programme national pour l’emploi. Il s’agit surtout de mettre en œuvre cette stratégie au lieu de susciter de l’espoir chez les jeunes à la recherche d’un job devenu rare. Dans un pays de quatre millions d’habitants…

A suivre…

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