L’opposition a-t- elle perdu la voix ?

Reconnaissance implicite de la victoire de Mohamed Ghazouani sans aucune expression de félicitation, rencontres entre le nouvel homme fort du pays et les leaders de l’opposition notamment les candidats à la dernière présidentielle. Participation de certains chefs de partis issus de l’opposition aux festivités du 59ème anniversaire de l’indépendance tels sont les signes de décrispation post -électorale. Rarement on aura vu un climat politique aussi détendue au sortir d’élections en Mauritanie. L’ atmosphère postélectorale s’ouvre le plus souvent sur une longue crise politique fermant la voie à tout consensus. Après les violences d’une rare intensité qui avaient agité la capitale au lendemain de la proclamation des résultats,, de l’élection présidentielle , l’impression d’une nouvelle crise se dessinait sur la scène politique laissant planer le doute sur une confrontation entre le nouveau pouvoir et l’opposition démocratique partie en ordre dispersée lors du scrutin présidentiel achevé sur un score de 52% obtenu par Ghaazouani. Mais en l’absence d’un pacte de solidarité au sein des pôles politiques de l’opposition, rien n’empêchait chaque leader de prendre l’orientation qu’il veut. Le successeur de Mohamed Ould Abdel Aziz ne trouvait pas mieux pour s’offrir la sympathie de ses challengers à la présidentielle et apaiser les tensions politiques sans préalables très dérangeants. L’idée d’un dialogue politique inclusif qui s’imposait après le départ de la bête noire de l’opposition qui ne faisait pas de cadeau à ses adversaires n’est pas à l’ordre du jour de l’agenda politique de Ghazouani. Ce dernier préfère le mot « causerie » au mot dialogue qui a une connotation plus passionnelle. Une manière de freiner dès le début la cavalerie des forces de l’opposition attachées à ce rendez-vous tant réclamé pour convier tous les acteurs politico-sociaux autour d’une table pour discuter sans tabou de toutes les questions de fond. Visiblement ce forum national n’enchante pas le nouveau locataire du palais gris, affichant grise mine à l’évocation de ce sujet.

Trêve d’opposition !

A part ces premières rencontres de courtoisie avec Ghazoauni, les leaders de l’opposition venus individuellement se sont-ils tourné le dos comme s’ils n’ont plus rien à se re dire. Les alliances se sont-elle disloquées et les agendas de lutte mis sous les placards ? Le départ de certaines figures de l’opposition démocratique vers la majorité présidentielle, le délitement de la CVE, la rupture des alliances autour de l’opposition démocratiques sont autant de facteurs qui ont fragilisé cette classe politique réduite à la diffusion de communiqués circonstanciels.
Cette situation de trêve profite largement à la majorité présidentielle qui vient de se restructurer après un congrès qui a consacré l’échec du projet de récupération politique de l’UPR par son père fondateur, Aziz. Lentement mais sûrement le président Ghazouani est en train de couper l’herbe sous les pieds de ce qui reste de l’opposition démocratique ou de ce qui peut en tenir lieu.
La voix forte et le discours percutant d’une opposition unie capable de mobiliser les masses et remplir les grands espaces est-elle menacée de mort lente, Les signes des premiers mois de la présidence de Ghazouani ne trompent plus sur sa volonté de ratisser large dans les rangs des contestataires d’hier fussent-ils des mécontents du régime d’Aziz reconvertis en alliés de premier plan du maitre du palais. Seule la voix de Biram Dah Abeid ou les tentatives de reconquête du terrain par la CVE nouvelle version, rappellent que quelque part que le nouveau pouvoir peut essuyer des tirs sporadiques à la moindre incartade. L’alliance de l’opposition démocratique attend-t-elle quelque chose du nouveau régime et que sera cette chose pour justifier son silence sur la situation politique pos-électorale ou considère-t- elle qu’il faudrait donner le temps au temps pour rebondir sur la scène ?

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