Ausculter le mandat de Ghazouani !
Entre ceux qui piaffent d’impatience de voir leurs conditions de vie changer avec le départ de Mohamed Ould Abdel Aziz et ceux qui croient que Ghazouani garde le pied à l’étrier les mauritaniens sont partagés sur les deux ans fermes de l’homme à la tête du pays. Deux ans au cours desquels le successeur de l’ancien ami reste fidèle à un style dont il est le seul à en être l’initiateur et qui tranche avec ceux que les mauritaniens avaient l’habitude de voir à quelques exceptions. Derrière la discrétion et le silence imperturbable « déconcertant » diront certains de l’homme que d’’aucuns considéraient comme une potiche placée par son prédécesseur, -une image qu’il a vite fait de déconstruire- difficile de lire dans la pensée ou d’interpréter les moindres gestes qui font barrière avec le peuple en ce temps de pandémie. C’est d’ailleurs ce qui met mal à l’aise une opinion qui cherche à voir plus clair sans toujours ajuster un jugement bien fondé sur des certitudes de ce que le régime de Mohamed Ould Ghazouani vaut. Mais quand l’attente se fait longue pour le commun des mauritaniens, les passions se libèrent par l’instinct de survie qui s’exprime de plus en plus par la colère qui gagne les couches pauvres et les catégories moyennes. Ca fait gazouiller dans le jardin de Ghazouani ! Les marchés « brûlent » de cherté des produits. Plus que deux fois il y a à peine quelques mois. Le pouvoir d’achat du consommateur dégringole, la misère étale ses tentacules et le désespoir enfonce la jeunesse dans le tourbillon des contre-valeurs. L’insécurité devient un défi à relever pour les forces de l’ordre.
Un malaise accentué par la pandémie du coronavirus le tout sur fonds d’une désillusion provoquée par les promesses que le régime avait entretenues dans l’esprit des mauritaniens. En deux ans, le bilan s’impose. Vouloir le faire à l’aune politique rendrait biaisé le jugement selon l’angle où on se placerait. Dans cette bulle d’attentes, le gouvernement se prépare à dérouler le film des réalisations sans doute majestueuses à ses yeux en termes de mises en œuvre du programme soutenant les engagements du président. Mettant pèle –mêle tout à la décharge d’un pouvoir qui s’est approprié tout ce qui avait été fait ou mal fait. Il n’est pas malséant de présenter au peuple les œuvres accomplies. A condition que cela ne soit maquillé par une propagande officielle. Sans omettre de dire honnêtement aux mauritaniens pourquoi ils n’ont pas sorti la tête de l’eau depuis deux ans. Dire là où le bât blesse. Pour qu’au moins on sache qu’il est possible de rectifier le tir ou ajuster les objectifs. Les chiffres c’est fait par les experts pour défendre les engagements pris auprès des institutions financières internationales à travers les initiatives de remboursement ou d’effacement des dettes. Cette stratégie est connue pour passer l’examen de passage. Mais les chiffres, ce n’est pas ce que cherchent des ventres affamés et des millions de bouches ouvertes. Les mauritaniens aspirent à un changement qui se conjugue au présent, au rythme d’un quotidien où il faut trimer comme une fourmi pour subsister. Tant est dure la galère !