Qui triche à l’école, triche à la Présidence!
Évoquer le phénomène des fraudes et autres mauvaises pratiques dans les milieux des concours et examens nationaux c’est interpeller la faillite de tout un système en décadence qui perdure et dont les manifestations sont partout visibles à tous les niveaux et échelons de la vie nationale. Il n y a pas de domaine politique, social, économique et même religieux où la morale, l’éthique, l’honneur et la réputation de tout un pays ne sont mis à mal sans que cela agace et dérange les esprits.
C’est justement cette situation malheureuse qui nous poursuit comme une malédiction qui colle à la peau d’une Nation. Personne ou presque n’échappe à ce vice, s’il n’est pas volontairement contracté , il nous est imposé par le poids de la culture de l’irresponsabilité qui gangrène nos institutions, nos schèmes mentaux , et notre vécu quotidien. On ne naît pas menteur, on le devient, on n’est pas voleur on s’y oblige par la nature des autres, leurs médiocrités. Finalement on arrive difficilement à se soustraire de ces légèretés pour verser soi-même dans les travers de l’immoralité. Nous avons atteint un tel degré de déchéance morale jusque dans ce qu’on a de plus sacré si bien que le mensonge, la délation le persiflage sont devenus les choses les mieux partagées , plus graves, érigées au rang de vertus. Tout l’appareil d’état est gangrené par les pratiques les plus invraisemblables sous d’autres cieux plus vertueux. Pour mieux comprendre les origines de ce péché non pas dans son essence originelle mais son originalité chez nous, disons son authenticité, faut bien interroger le système éducatif dont l’école en est le référentiel.
L’école « miroir d’une Nation »
Les spécialistes du développement disent que ” quand le bâtiment va, tout va”. Cela est en parallèle vrai pour l’école qui a vocation d’être le modèle et le concentré des valeurs reflétant la culture de l’excellence qui s’affirment comme le porte étendard du mérite, de l’espoir et de la fierté d’une nation. Car c’est à travers l’image de l’école qu’on reconnait le “profil génétique” de la réussite programmatique de ses enfants en route vers l’avenir. Il est donc logique de considérer que l’essor d’un pays, son développement, son rayonnement ont pour déterminants l’école à l’aune de laquelle on évalue l’intelligence et le génie intellectuel de ses générations . De la grandeur morale de ses hommes et de l’intégrité de ses élites. Elle est aussi un examen de conscience décisif pour ses dirigeants qui en portent le sceau. En clair elle est le miroir de toute une nation.
Dès lors nous pouvons fonder nos jugements sur ce que le cycle des graines scolaires produit. Qu’en est-il pour notre école aujourd’hui ?
Autrefois quand un disciple d’une classe volait le plus petit objet (stylo, gomme, etc…) – évidemment d’une valeur éducative inestimable pas comme aujourd’hui – , il sera la risée de toute l’école durant des années et son nom est partout épigraphé sur les murs et tableau noir . Quiconque lorgne la copie de son voisin en pleine composition ou tente par quelque moyen que ce soit de piquer un mot ou expression et que par mésaventure le maître le prend en flagrant une longue descente aux charbons attend le chérubin . Toutes ces sanctions visaient à enseigner aux futures élites les règles de l’honnêteté et l’ancrage de la culture du mérite. Combien de fois on entend l’éducateur répéter aux élèves en pleine distribution des copies d’examen : « chacun pour soit, Dieu pour tous » .Quel enseignant de nos jours, fait sienne cette phrase pleine de sagesse ?
Les maitres d’hier alliaient tous les rôles avec brio. Précepteurs, transmetteurs de savoir, soldats et gardiens des valeurs morales. De l’école à l’emploi le futur cadre vient pétri des valeurs exemplaires pour servir la Nation avec loyauté. Dans ces conditions il deviendra un citoyen modèle digne de servir son pays en toute intégrité. Des anecdotes ne manquent pas au sujet de certains amis de classe qui ne s’émeuvent pas de voir certains de leurs camarades gravir les marches ou réussir socialement par la triche car ils étaient étiquetés comme tel à l’école. C’est dire que l’homme de demain n’est que le reflet de ce que l’école lui a donnée. On voit ainsi combien l’éducation de base joue un rôle important dans l’avenir d’un pays. Le tricheur de l’école le deviendra inéxorablement dans ses fonctions futures fussent-elles à la magistrature suprême de son pays.
L’adage populaire « qui vole un œuf volera un bœuf » enseigné autrefois aux enfants ne fait plus frémir nos pauvres garnements pour qui tricher est la voie royale pour passer les épreuves. La lutte contre la triche passe avant tout par l’assainissement des valeurs éducatives à travers une école de qualité adaptée aux exigences de l’excellence. Le travail à faire est plus long et difficile, et les résultats plus pérennes. Plutôt que de se donner l’illusion que c’est en renvoyant les tricheurs que la solution est trouvée. (A suivre)
CTD