Le Mali dénonce l’ingérence de l’Algérie et met fin à l’accord de paix d’Alger
Le 1er janvier 2025, le Mali a réagi fermement aux déclarations de l’Algérie concernant sa lutte contre le terrorisme. Le ministère malien des Affaires étrangères a dénoncé ce qu’il considère comme la « persistance des actes d’ingérence » de son voisin algérien, en l’accusant de soutenir des « groupes terroristes » qui déstabilisent le pays. Bamako a exprimé son mécontentement face à des commentaires du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, qui avait critiqué publiquement la stratégie malienne de lutte contre le terrorisme. Le gouvernement malien a insisté sur le fait que ces questions, notamment la lutte contre les groupes armés terroristes, relèvent uniquement de la souveraineté du Mali et de ses voisins, le Burkina Faso et le Niger.
Le Mali accuse l’Algérie de nourrir des liens étroits et une forme de complicité avec des groupes qui sèment la terreur dans la région. Cette accusation n’est pas nouvelle : le Mali avait déjà dénoncé le rôle de l’Algérie, notamment en tant qu’ancien médiateur dans le cadre de la rébellion touarègue au Nord du pays. Le ministère malien a souligné que l’Algérie doit cesser d’utiliser le Mali comme un levier pour ses propres ambitions géopolitiques, un message implicite à l’Algérie concernant sa stratégie régionale et internationale.
Cette confrontation s’inscrit dans un contexte plus large de tensions politiques et sécuritaires dans la région du Sahel. En janvier 2024, le Mali a annoncé la fin de l’accord de paix d’Alger signé en 2015, en raison de la reprise des hostilités dans le Nord du pays par des groupes indépendantistes touaregs, qui se sont alliés avec des jihadistes. Ces groupes, une fois acteurs d’une lutte pour l’indépendance, sont aujourd’hui supplantés par des factions islamistes radicales, dont certains opèrent sous la bannière d’Al-Qaïda ou de l’État islamique. L’accord de 2015, qui avait pour but de stabiliser le Mali après des années de conflits, était déjà affaibli par le retrait de la mission des Nations Unies (Minusma) et par l’inaction perçue face à la montée de la violence.
La décision de mettre fin à l’accord de paix s’inscrit dans un processus plus large de rupture avec les anciens partenaires internationaux. Depuis la prise du pouvoir par la junte militaire en 2020, le Mali a opéré un virage diplomatique radical, rompu ses liens avec la France et ses alliés européens, et s’est rapproché de la Russie, renforçant ainsi ses relations avec le groupe Wagner et d’autres acteurs russes dans la région. Cette orientation a également été accompagnée de l’expulsion de la Minusma, marquant un éloignement des efforts multilatéraux de paix.
Le Mali se trouve ainsi dans une dynamique de confrontation avec ses voisins, notamment l’Algérie, et avec la communauté internationale, alors que le pays lutte contre une insurrection touarègue persistante et la menace jihadiste qui déstabilise l’ensemble du Sahel.