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L’ opposition et l’action caritative / Par Saleck Ould Abdallah

Il est naturel, voire plus qu’ évident, que les forces de l’opposition dévoilent (sous forme de déclaration, d’insinuation et entre les deux) toute la critique et le rejet de la politique du pouvoir en place, dont les contrepouvoirs constituent même l’essence de rôle.
Il est inhabituel et totalement inconcevable que ces forces politiques agréent ou consentent des faveurs à ceux qui détiennent les raines du pouvoir, quoique la marge de manœuvre dont elles disposent constitutionnellement, politiquement et moralement, demeure confinée dans le cercle de la donne politique, du style de gouvernance et d’interaction démocratique avec les affaires publiques, loin des chapelles nationales et des constantes de la Nation, du caractère sacré de la paix civile, de l’harmonie sociale, de la sécurité et de l’intégrité territoriale du pays et de tous ses citoyens ..
Ces aspects imposent l’unanimité de tous et n’acceptent (ni tolèrent) les querelles politiques et les tiraillements circonstanciels entre les deux pôles de la scène politique nationale.
Le cercle de l’engagement politique entre la majorité et l’opposition impose aux deux parties, – à la même enseigne – de ne pas dépasser son cadre général et d’éloigner ses tiraillements des aspects personnels et des libres choix des individus, du fait qu’elles sont initialement hors du cadre général, autrement dit hors du ring de leur éternel conflit.
Cependant, certaines forces politiques de l’opposition dans notre pays (je ne dis pas toutes et cela ne sied pas) semblent souffrir du défaut d’harmonisation avec ces axiomes qui ne font l’objet d’aucun antagonisme dans n’importe quel système démocratique pluraliste et paraissent également incapables d’assurer leur cohésion et leur régularité dans l’arène, transgressant parfois les règles, auxquelles elles devaient être tenaces à la conformité et au respect, plus que leur rival dans cette concurrence saine, malgré la férocité de certaines de ces tours.
Ce qui montré un discours déstructuré, faible, déconcentré et tendu de ces forces politiques.
L’un des derniers chapitres de cette approche déséquilibrée dans la forme et dans le fonds, est incontestablement le communiqué du forum national pour l’unité et la démocratie (FNDD), en date du 31 août dernier, articulé sur un ensemble de questions à cachet dénonciateur et à dimension strictement d’ordre matériel dont la première : « d’où vous vient toute cette fortune, si élevée qu’elle permet au cadet de la famille de jouer avec les milliards et faire la charité au peuple mauritanien avec des miettes ? » faisant allusion à la fondation « Rahma », dirigée par Ahmedou Ould Abdel Aziz, fils du Président de la République.
La première idée qui m’est venue à l’esprit, dès la lecture de ce paragraphe du communiqué, est que le forum est désormais infiltré par des individus ou groupes qui cherchent à saper sa crédibilité et à le diaboliser aux yeux de l’opinion publique, en le poussant à tenir un discours paradoxal et une approche ridicule, particulièrement dans ce contexte marqué par la controverse inédite dans ses composantes sur la question de la participation ou non avec le pouvoir au dialogue attendu.
En effet, je n’arrive pas à admettre que de telles contradictions et qu’une telle versatilité émanent d’un bloc politique de la dimension du FNDD, comprenant en son sein, une élite de politiciens de ce pays ainsi que grands intellectuels, conscients des perspectives d’une vision stratégique clairvoyante.
Il est inconcevable, à mon humble point de vue, que ces hommes politiques, réputés et expérimentés, s’opposent à une action de bienfaisance, quelle que soit son origine, offrant des médicaments aux malades parmi les citoyens démunis et nécessiteux et accordant des aides en nature aux pauvres de leur pays .
Je ne peux saisir l’acharnement de ces illustres hommes politiques nationaux, leur rejet et leur désapprobation de l’émergence d’une fondation caritative, œuvrant dans les milieux paupérisés, orphelins et prêtant main forte aux veuves et aux handicapés, du simple fait qu’elle est créée et dirigée par l’un des fils du Chef de l’Etat, alors qu’ils ferment les yeux sur d’autres fondations, opérant depuis des décennies et des années, avec des financements et des objectifs extérieurs, avec des actions bénéficiant à des populations circonscrites, ne dissimilant point (en actes et en paroles) leurs intentions d’attenter aux symboles religieux, culturels et sociaux sacrés de ce peuple voire même à sa sécurité.
Au grand étonnement, il s’agit d’organisations dont les dirigeants du forum connaissent plus que quiconque, qui les a introduites dans le pays, sur quelles bases et pour quels objectifs.
La mise en place d’une organisation caritative dirigée par un membre de la famille de celui, ou celle qui tient le pouvoir n’est pas une invention nouvelle en Mauritanie, bien au contraire, il s’agit d’une tradition ancestrale, apparue dans les plus prestigieuses démocraties du monde. Les quelques exemples suivant illustrent à bien des égards cette situation :

 La fondation de l’ex Président américaine Jimmy Carter,

 La fondation de Danielle Mitterrand, Epouse de l’ancien Chef de l’Etat français François Mitterrand,

 La fondation du prince des Wales Charles, prince héritier de Grande Bretagne,

 La fondation de la princesse Charlène, de Monaco et celle de sa sœur, la princesse Grâce,

 La fondation de bienfaisance de Nelson Mandela, créée par l’icône mondiale de lutte contre l’apartheid, au lendemain de sa sortie de prison en 1992 ..

 la fondation de Cheikha Mozah bint Nasser Al Missned, épouse de l’ex. émir du Qatar..
Ici, me vient à l’esprit une question pertinente et légitime : la France, l’Amérique et la Grande-Bretagne ne sont-elles pas des Nations connues par leur ancienneté et leur expérience dans l’exercice des pratiques démocratiques et de la bonne gouvernance?
N’existe-t-il pas au sein de chacun de ces Etats une opposition vigilante, dynamique et soucieuse de la transparence comme gage de l’alternance démocratique?
Puis, le leader et combattant africain Nelson Mandela, n’est-il pas de ceux qui ont mieux gouvernés leur pays avec dévouement, démocratie et transparence?
Le Qatar n’est-il pas un “modèle” en matière de bonne gouvernance et de propreté des mains des dirigeants? .Que vous arrive-t-il ?. Sur quelles bases faites-vous vos jugement ?
Cependant, ce qui suscite réellement des doutes sur les motivations véritables de l’attaque du plus grand bloc des forces de l’opposition nationale en Mauritanie, c’est son silence très proche de la connivence, envers les activités menées par des organisations, sur lesquelles, tous les citoyens de ce pays, à Vassala à l’Est au cap Timiris à l’Ouest, à Ain Bentili au Nord à Rosso au Sud, sont unanimes sur le gravité et la malveillance des actions de bienfaisance sur le pays, sur ses valeurs religieuses, sur son unité nationale et sur sa paix sociale, faisant découvrir le cachet évangéliste et impie de ces fondations dont on peut citer à titre d’illustration :

 Oxfam,

 Caritas,

 La fédération luthérienne mondiale (FLM)

 World Vision

 …etc.

Jamais, il n’a été entendu chez les forces de notre opposition nationale “soucieuses ” des intérêts du peuple et de la Nation, une dénonciation ou une si forte condamnation vis-à-vis de ces fondations étrangères ou de leurs activités suspectes dans leur plus simple description, sans oublier les scandales des églises secrètes s de Nouakchott, la découverte de centaines de livres de la bible à l’intérieur du pays, fortement répandus, faisant trembler plus d’une fois la scène politique et médiatique.
Le forum de l’opposition mauritanienne s’est fait tomber, ou peut être, a été entraîné dans le piège du paradoxe et de la contradiction rhétorique, à travers la déclaration publiée par sa commission de communication, associant de manière indécente la voix du politicien et le niveau de ses leaders, entre les mains d’un appel sincère ( du moins en apparence) à un dialogue national ouvert et inclusif ..
Cherchant dans le communiqué à établir un rapport entre les ressources de la fondation de bienfaisance du fils du Président et la gestion de son père des affaires publiques du pays, le forum s’est contenté, à travers des mimes passagères, à dégager les aspects des conditions de vie difficiles pour la majorité des citoyens, de la flambée des prix des hydrocarbures, de l’inexistence d’un système d’évacuation des eaux usées dans la capitale …!
Il incombait plus au forum d’aborder le sujet d’un angle raisonnable, s’il était déterminé à dresser le lien entre les deux sujets.
Ou la a publication d’un communiqué plus cohérent et plus convaincant sur les différents aspects de ce qu’il considère comme une détérioration “flangrante” des conditions politiques, économiques et sociales du pays, en rendant les autorités et le Président entièrement responsables de cette situation.
Mais, le fait que son communiqué s’est présenté à ce niveau de fluctuation de la donne et de précarité de la structure, cette sortie suscite plus de surprises que de critiques politiques approfondies se prêtant à l’analyse.
Si les politiques du pouvoir et la nature de ses décisions et positions font l’objet d’un débat et d’une critique extrêmement pertinents, le fait de s’opposer à une action de bienfaisance dont les retombées positives se sont très vite concrétisées sur le terrain à travers des aides en nature accordées aux pauvres du pays , créant une atmosphère de satisfaction chez les plus démunis, du simple fait qu’elles proviennent d’un membre de la famille du Président, est un fait difficile à comprendre voire même à classer dans le cadre du cercle du conflit politique entre le gouvernement et l’opposition, qui reste l’essence de leur rôle.. Leur raison d’être.

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