Le Maroc resserre ses liens avec les juntes sahéliennes sur fond de rivalité régionale avec l’Algérie
Le roi Mohammed VI a reçu, lundi 28 avril au palais royal de Rabat, les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger, marquant un rapprochement stratégique entre le Maroc et les régimes militaires au pouvoir dans ces trois pays du Sahel. Cette rencontre officielle intervient dans un contexte de fortes tensions régionales, notamment avec l’Algérie, et s’inscrit dans une dynamique de redéfinition des alliances diplomatiques en Afrique de l’Ouest.Alignés face au souverain chérifien, Karamoko Jean-Marie Traoré (Burkina Faso), Abdoulaye Diop (Mali) et Bakary Yaou Sangaré (Niger), représentants de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont présenté l’avancement institutionnel de leur organisation, née en septembre 2023 après leur rupture avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ils ont également réitéré leur intérêt pour l’initiative marocaine d’ouverture vers l’Atlantique, une proposition stratégique formulée par Rabat en décembre dernier pour relier l’hinterland sahélien aux ports marocains.Si l’initiative se veut officiellement économique, favorisant les échanges et l’accès à la mer pour ces pays enclavés, elle s’inscrit dans une rivalité croissante avec l’Algérie. Cette dernière, en froid avec les juntes de Bamako, Ouagadougou et Niamey, voit d’un œil inquiet ce rapprochement entre Rabat et ses anciens alliés sahéliens. Le ministère marocain des Affaires étrangères évoque d’ailleurs pour la première fois un « contexte régional tendu » et souligne le développement continu de ses relations bilatérales avec l’AES, en contraste avec les frictions diplomatiques qui opposent ces pays à Alger.Ce virage diplomatique du Maroc renforce son positionnement géostratégique en Afrique de l’Ouest et confirme sa volonté de jouer un rôle pivot sur le continent, au moment où de nouveaux blocs régionaux se dessinent, remettant en cause les équilibres traditionnels.