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L’histoire d’une passation présidentielle mal conclue ! Analyse d’une crise précoce par la recombinaison des faits (1ère partie)

Les incessants remous survenus sur la scène politique depuis le retour au pays de l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz au centre desquels se placent les deux hommes qui se sont passés les clés du palais brun, donnent de plus en plus des signes d’une passation de service mal réglée . y a -t-il eu trahison d’un accord après –départ du prédécesseur ? Que pourrait-il bien s’être passé en quelques mois seulement après la fin du règne de celui qui a servi sur un plateau d’or le pouvoir à un autre homme que rien ne prédisposait à occuper le fauteuil présidentiel par les urnes ?

Décryptage des zones d’ombre d’un imbroglio de succession …

Une année avant la fin du dernier quinquennat du président Aziz, la scène politique avait connu une agitation sur fond de tensions pré-électorales où les opposants s’inquiétaient sur les perspectives d’une présidentielle à plusieurs inconnues pendant que le camp de Mohamed Ould Abdel Aziz avait les regards braqués sur le troisième mandat même si des divergences sournoises s’exprimaient en coulisses. L’opinion publique elle, était perdue dans les débats d’un AZIZ PARTIRA PARTIRA PAS. Pendant ce temps des signaux d’un changement d’intention se lisaient à travers les petites phrases liberées à tout bout de champ par Aziz dans les médias étrangers ou en de rares occasions dans la presse nationale. Plus tard se voyait sur le visage pâle de l’homme une certaine attitude de celui qui hésite toujours à lâcher le « fromage » après 11 ans d’une longue attente du peuple. Des grincements de dents se faisaient entendre dans les chancelleries occidentales redoutant une énième crise politique fatale pour le pays en cas de refus du président de quitter les rênes du pouvoir. C’est au cours de l’un de ses voyages à l’étranger que le président Macron le dissuada dans son projet de conservation du fauteuil. Cette injonction n’est pas tombée enfin dans les oreilles de l’indifférent putschiste. Se posa alors la question de savoir comment pourrait bien se faire ce départ tant souhaité de l’encombrant président. De révélations en révélations sur l’identité de son poulain les langues tournaient dans tous les sens. Les plus proches amis politiques d’abord sont cités sur la longue liste des potentiels successeurs. Puis les bras droits militaires. Sans trop tarder ce fut le Général et ministre de la défense dont la nomination ne faisait plus de doute. Le Rénovateur avait titré alors : « Ghazouani , l’homme le plus proche du palais ». Les petits loups ont fini par se désillusionner et la silhouette de celui qui était jusque-là dans l’ombre commence à faire son apparition. On le voyait déjà dans le costume du successeur direct du frère Aziz. Ghazouani faisait l’objet de toutes les attentions. Sa maison ne désemplissait pas de courtisans précoces. Au fur et à mesure que s’approchait la fin du mandat, les agitations préélectorales cristallisaient les pensées. Mais fidèle à ses jeux de cache-cache, Aziz continuait à entretenir le suspens et divertir les opposants en atténuant leurs ardeurs politiques.
C’est enfin quand le haut conseil constitutionnel convoqua le collège électoral que le peuple commença à prendre les choses au sérieux. Alors que tout auparavant était pris avec des pincettes.

« Ami de toujours tu seras mon successeur … »

C’est sur cette proposition alléchante que les choses semblent bien démarrer. Sachant qu’une fois parti du pouvoir, il ne sera plus qu’un citoyen ordinaire avec le même statut que tous les anciens présidents de la Mauritanie, Aziz aura besoin d’un successeur comme Ghazouani pour jouir de tous les avantages sans perdre toute son autorité d’influencer sur la vie politique du pays. D’autant plus que la confiance qui a prévalu pendant des décennies n’a jamais été entachée de trop de contradictions. Pourtant les deux hommes se disputaient souvent, chaudement avant d’oublier l’incident. C’est dire que l’amitié était bien scellée. Lors de l’une des visites de Aziz à l’Etat-major générale de l’armée, Ghazouani alors chef d’Etat-major avait échangé avec son président quelques mots après des remarques un peu « osées » de l’Etat de la logistique avant de se voir rappeler à l’ordre par Ghazouani. La scène tragi-comique se referma. Des anecdotes ne sont pas rares sur les rapports entre les deux dinosaures. Pour ces raisons et en plus de grands services rendus par Ghazouani à Aziz en de moments décisifs en privé et dans l’exercice du pouvoir, Aziz n’aura meilleur choix que de coopter l’ami Deyboussati pour en faire de lui son dauphin.

Celui qui t’a gardé ton fauteuil est digne de confiance !

Durant son séjour-maladie de plusieurs semaines en France, Ghazouani était le loyal gardien du temple qui a résisté à toutes les pressions. Les mauritaniens commençaient à s’interroger sur l’avenir du pays après ce tir ami insolant et toujours mystérieux (comme les conditions de la mort de Ely) , qui a failli coùter cher au président des pauvres. Les débats des constitutionalistes et hommes politiques sur les délais impartis à la vacance du pouvoir faisaient rage et agitaient les parlementaires. Mais Ghazouani n’avait cure de tout ça. Lui qui veilla à la protection du palais tant convoité jusqu’au retour de son « classe ». Mission accomplie Aziz pouvait renouer avec les tapis rouges des sommets internationaux. Les mauritaniens redoutaient qu’avec la convalescence du président fragilisé par la maladie et multipliant les rendez-vous médicaux, les chefs des groupes terroristes allaient reprendre du service en Mauritanie. Là aussi l’homme de confiance n’a pas baissé la garde. Aziz n’a –t-il pas bien raison de renvoyer l’ascenseur de la loyauté à ce « poli » Ghazouani. Et le destin fera son œuvre ouvrant largement les portes du palais à un inconnu dans les milieux populaires.

Et le soleil providentiel se leva pour Ghazouani !

Le tourbillon de la campagne souffla sur le pays. Les mauritaniens ne croyaient ni leurs oreilles, ni leurs yeux en apprenant que le régime va changer de main par une élection présidentielle. Pas comme les autres ?
Les alliances s’organisent sur une scène politique orpheline d’une alternance ratée depuis le coup d’état contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi. L’essentiel pour les électeurs mauritaniens c’est le sauvetage des institutions de la République, l’unité nationale mise à rude épreuve, l’arrêt du carnage des ressources du pays. Si Aziz a bien fait campagne pour Ghazouani , il n’a pas aussi oublié d’adresser des messages d’anticipation sur son retour aux affaires sans cacher ses ambitions de revenir un jour d’une manière ou d’une autre. Le nouveau candidat de la majorité qui faisait son entrée sur scène offrait clairement l’image d’un novice innocent en politique et qui avait du mal à orienter ses idées, sans emphase ni tonalité percutante pour haranguer les foules. Mais en l’approchant, cette impression est vite trahie par les apparences, ont souligné ceux qui l’ont côtoyés . Sa campagne était bien froide dans la plupart des cas comparée à ses challengers. Pourtant c’est au final sa personnalité qui a rassuré ses électeurs à voter pour lui plus que les roucoulements de son prédécesseur du haut des podiums.
Finie une campagne électorale où de gros moyens furent utilisés par le candidat de la majorité contre de modestes soutiens financiers dans les camps adverses. Au final les urnes ont parlé la vérité de l’avis des vainqueurs, et un gros mensonge répliquent les vaincus. Des échauffourées violentes éclatèrent en signe de protestation. La ceni est mise en cause. La vie reprit son cours normal. Cette nouvelle page de l’histoire ne fait que commencer après l’investiture de l’homme au regard pétillant. Bien des questions méritent d’être posées pour permettre d’analyser ce qui se passe aujourd’hui.

A suivre…

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