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L’histoire d’une passation présidentielle mal conclue ! Analyse d’une crise par la recombinaison des faits (suite et fin)

Que se sont dits Aziz et Ghazouani avant ou après la passation du témoin ? Ont –ils eu le temps de se parler pour se donner conseils se faire des bénédictions en priant que les cordes de l’amitié ne cèdent à la moindre secousse. Le départ précipité de l’ex-président à l’étranger au lendemain de l’investiture laisse bien planer le doute sur les futures relations des deux hommes.
En offrant l’opportunité à son ami Ghazouani de s’installer sur le fauteuil présidentiel, Aziz a-t-il posé des préalables ou au moins obtenu de son ami des garanties qu’il le lui rendra au prix fort de la couronne de l’investiture. A défaut de s’entendre clairement sur quelque chose se sont-ils faits le serment de la fidélité à un moment aussi décisif que celui de la passation de témoin. Le nouveau locataire et son prédécesseur ont-ils tout simplement considéré que les événements qu’ils ont vécus avant d’être les deux hommes forts ont suffit pour se faire l’économie de tout pacte qui d’ailleurs correspondrait à un manque de confiance réciproque. Une grande amitié n’a pas besoin d’être signée sur papier mais d’être gravée dans le marbre. C’est comme si le pouvoir source de toutes les trahisons est une exception pour ces deux anciens généraux qui ont ensemble fait et défait les régimes. En regardant de près la succession des faits antérieurs on se ferait l’idée que même si le pouvoir ne connait pas d’amitié, le cas deux frères d’arme échapperait à cette règle bien connue en Afrique surtout. Sinon Ghazouani aurait bien le temps et la force de renverser le régime d’un ami hors de son palais dès les premiers jours de son évacuation en France. Mais en bon ami la main de satan n’a pas pris le dessus sur sa conscience. Et si les scénarios changeaient de forme, la tentation de la trahison pourrait venir de l’autre partie. Autrement dit le syllogisme pourrait bien s’inverser. Ce n’est pas parce que Ghazouani n’a pas trahi Aziz qui lui a offert le pouvoir que ce dernier ne serait pas tenté de le reprendre si l’occasion se présenterait. La divergence actuelle commence à livrer quelques secrets sur les intentions cachées de l’un sur l’autre. En procédant par raisonnement par analogie, on dirait que si Ghazouani était président et qu’il serait dans la même situation que son ami et qu’Aziz chef d’état major ou même commandant du basep , en habitué des putschs, Aziz renverserait Ghazouanii ?
Cela est d’autant une déduction logique d’un syllogisme que des rumeurs d’un coup d’état contre l’actuel ami d’hier qui avait bien érigé une forteresse pour protéger un Aziz malade , avait circulé mais démenti par les autorités. Une conspiration qui serait déjouée in-extrémis à la veille du 59ème anniversaire de l’indépendance aux premiers jours de la crise qui avait couvé suite à son retour de l’étranger. Et si Aziz avait donc été obéi par ses anciens hommes de confiance que serait-il arrivé au pouvoir débutant de Ghazouani ?
Ces signes d’incertitude viennent désormais balayer tout le fondement des relations très anciennes en mettant à nu leur fragilité contrairement aux prétendues liens forts qui les tissaient.
Garanties, ou bonus de reconnaissance ?
Vrai ou supposé comme tel, le maintien de certains hommes clé de l’ex-président dans l’architecture gouvernementale était considéré par beaucoup d’analystes comme les signes précurseurs du poids que continue d’exercer Aziz sur le nouveau locataire considéré comme une marionnette entre ses mains. L’opinion publique était sidérée et les leaders d’opinion décontenancés par ce scénario à la Poutine/Medvedev qui commençait à fonctionner. Il aura fallu quelques semaines pour que Ghazouani affiche le visage d’un dirigeant déterminé à s’affranchir de cette prétendue image d’un président sous tutorat agissant par procuration. Une décrispation de la scène politique visée depuis le coup de force contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Une rencontre avec les opposants, des audits tous azimuts, une porte ouverte pour le retour des exilés. Une diplomatie en pleine révision et bien d’autres actes qui dénotent d’une certaine volonté de changement de cap. Pour beaucoup, le changement tant espéré est sur les rails en attendant d’aller plus loin.

Première brouille : acte 1

Pendant tout ce temps Aziz à l’étranger suivait de près les moindres gestes de son successeur. Tant que la copie des exigences était suivie Aziz s’avouait toujours manager présidentiel. C’est quand la question de l’upr et l’évocation de certains dossiers brulants sont mis sur scelle que l’ancien président a sursauté comme s’il eut marché sur des braises incandescentes. Il atterrit à Nouakchott. Et sans même poser ses valises il convoqua la fameuse réunion avec le comité directeur de l’upr pour revendiquer la paternité du parti. A défaut de crier « l’Etat c’est moi » son outrecuidance poussa à dire que l’upr c’est lui. La suite est connue. Réponse du berger à la bergère « Je suis la seule référence du parti » réplique immédiatement Ghazouani.

Acte 2 : L’indépendance

Pendant que la fête du 59ème anniversaire de l’indépendance occupait les esprits, Aziz n’a d’yeux que pour le contrôle de l’upr. Attendu à Akjoujt pour assister aux défilés de l’armée, il était aux abonnés absents. Que s’est-il passé ? Entre ceci et cela il n y a qu’un petit pas à franchir. Aziz avait bien boudé la cérémonie sur fond d’un différend qui l’a opposé à son ami. La vie allait-elle continuer ! Les rumeurs d’un coup manqué créent la confusion entretenues par des mouvements opérés au sein du haut commandement des armées. Le démenti du ministre de la défense sur cette information n’a pas convaincu une opinion restée sur sa faim.

Acte 3 : désignation des commission du congrès de l’upr

Ghazouani décide de mettre fin à la récréation. Il rappelle tous ceux qui hésitent ou sont enclin à biaiser le débat à l’ordre. Seul référence du parti il confie les prochains travaux du congrès à des commissions sous la bienveillance du Pm comme pour dire que c‘est qui a les prérogatives de redonner au parti du sang neuf et personne d’autre. Aziz se désillusionne et se réveille de son sommeil et crie à la violation de la légalité, à l’ingérence dans les affaires du parti par un président qui n’a pas mandat à s’impliquer dans la conduite de son upr qu’il a fondé. Ce fut la fin du rêve pour l’ancien homme fort du pays abandonné par ses fidèles, délesté de son autorité. Fragilisé par le cours des événements et par ses maladresses répétées, il n’avait plus comme cadre d’expression qu’une conférence de presse sans doute la dernière pour déballer le contenu de sa rancœur, sans avoir les mots exacts et la pensée lucide pour convaincre.

Acte 4: Conférence de presse

En désespoir de cause, l’ex-président lâché par ses anciens courtisans, honni par un peuple agacé par les révélations accablantes sur une gouvernance non vertueuse qui, au lieu de passer devant un tribunal, se permet de jouer au trouble fête. Aziz croyait frapper un sacré coup médiatique lui qui a perdu toujours la face à chaque conférence de presse, se prêta à un exercice qu’il ne maitrise pas. La moindre question le met hors de lui-même. À court d’idées et en perte de concentration, il caracolait dans tous les sens sans trouver une réponse même approximative.
Le show raté, le grand invité de la longue soirée laissa le public qui ne s’attendait d’ailleurs pas à une bonne prestation sur sa faim. Toute une nuit pour rien ! Les attaques de sortes auxquelles il s’est livré contre son successeur, les menaces, vitupérations adressées à ses anciens soutiens sont autant d’armes préférées de notre putschiste émérite.
Ghazouani qui a sans doute suivi cette sortie colérique s’est contenté de répondre laconiquement « nous avons d’autres priorités pour la Mauritanie ». Voilà qui ajoute à une coupe déjà pleine de l’animosité grandissante entre les deux hommes suscitée par l’ingérence de l’ami d’hier devenu le rival d’aujourd’hui. Cette « Con »-férence de prêche » qui a pris les allures d’une veillée de contes populaires n’a au finish été qu’un prêche dans le désert
En reconstituant tous les faits précédents, on peut se fonder sur des éléments d’analyses pertinents pour dire que la crise entre les deux amis est bien réelle. En passant le pouvoir à Ghazouani Aziz s’est fourvoyé par l’illusion qu’il la prêté ou mis sous location le palais à celui qui passait pour être le fidèle parmi les fidèles et qui la si bien démontré en maintes reprises. En outre on ne peut parler d’accords après mandat vu la précipitation des événements, due à l’immixtion du président sortant dans le jeu politique d’une manière brusque et gauche. Dans la conférence de presse qu’il a tenue jeudi dernier Aziz n’a fait aucune allusion d’un quelconque pacte qui, s’il existait serait mis au grand jour. Il s’agit donc de l’histoire d’une passation faite dans la précipitation sans échanges, ni bénédictions comme si quelque chose d’étrange s’était produit en cours de route et que les deux anciens complices préféreraient laisser le le soin au temps en décider. Voilà qui laisse s’ouvrir très tôt un feuilleton qui a produit de l’électricité dans l’air. De quoi renforcer la vigilance sur un quinquennat parsemé d’épines. Ghazouani n’a pas manqué de le souligner lui-même. Finira-t-il au fil des découvertes décevantes d’une gestion chaotique par lever « l’immunité » amicale en mettant l’intérêt du pays au-dessus de tout !

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