La gestion des inondations : Deux poids deux mesures

A la veille de la rentrée scolaire, les régions du sud restent encore confrontées aux dégâts causés par les pluies diluviennes qui ont presque balayé la plupart des localités de ces régions.
La plupart des infrastructures ont été endommagées. Celles qui restent encore sont inondées et ne pourront pas être opérationnelles pour l’ouverture scolaire à cause des eaux de pluies.
Devant l’ampleur des dégâts, les associations villageoises, la diaspora et certaines bonnes volontés se sont mobilisées pour aider les sinistrés.
A Maghama, la diaspora s’est investie financièrement pour venir en aide aux sinistrés.
C’est également, le cas d’autres zones touchées par les inondations comme Sélibabi, Sagné et autres.
Cependant, la mobilisation de l’Etat toujours attendue est restée encore timide et limitée malgré l’importance des dégâts.
Pourtant, en Aout 2007 face au drame qui a frappé la ville de Tintane située au Hod El Gharbi, l’Etat s’est particulièrement distingué par sa mobilisation active à l’endroit des sinistrés par une vaste campagne médiatique de solidarité. Mieux, un Etat d’urgence a été décrété et une campagne de sensibilisation a été organisé à grande échelle partout dans le pays pour mettre en exergue la détresse des habitants de Tintane afin que ces derniers puissent bénéficier de l’élan de solidarité nationale et internationale. Ce qui a permis aux sinistrés de cette ville de bénéficier des aides substantielles de la part de l’état, des bonnes volontés et de la communauté internationale. Selon les sources du ministère de l’intérieur, le montant de l’aide internationale est chiffré à 4 millions de dollars. Ce qui est en soit une initiative salutaire pour tout Etat de droit.
On attendait également la même attitude des autorités politiques à l’égard de la population negro-mauritanienne qui peuple majoritairement le sud du pays, à la hauteur des dégâts enregistrés. Malheureusement, cette fois -ci, la réponse des pouvoirs publics n’a pas été à la hauteur des attentes des populations sinistrées du sud comparée à son niveau de mobilisation et d’implication à Tintane. Mais, pourquoi ces deux poids deux mesures ?
Est-ce parce que les populations du nord ont plus de légitimité que celles du sud ?
Est ce que c’est la politique d’exclusion des populations du sud, considérées comme citoyen de seconde zone par les régimes successifs depuis 1984 à nos jours qui se poursuit ?
Ou encore, est-ce que c’est une sanction du régime actuel frauduleusement arrivé au pouvoir par un coup d’état électoral pour punir les populations du sud pour avoir voté massivement pour l’opposition lors des dernières élections présidentielles qui ont porté Mohamed Ould Ghazwani au pouvoir ?
Ou est – ce que par simple négligence ?
L’objectif n’est pas de se perdre en étalage de questions, encore moins de brandir le spectre de la victimisation mais de faire comprendre et de dénoncer ces différences de traitement entre la communauté blanche et la communauté noire du pays.
En fait, ce qui est surprenant par-dessus tout, c’est le manque de mobilisation voire l’indifférence de l’’état face à la situation chaotique que vivent les populations du sud.
Mais autant il est inadmissible de désapprouver l’engagement de l’état pour venir en aide aux populations de Tintane, autant il est regrettable de cautionner l’immobilisme de l’Etat en vers les populations du sud.
En observant la manière dont l’Etat gère les choses dans ces régions, on se demande si l’actuel président n’est pas en train de pérenniser le racisme d’Etat savamment orchestré par ses prédécesseurs en matière d’exclusion des noirs. D’ailleurs, le dernier recrutement des 47 officiers tous issus d’une seule communauté en dit long. Cette politique de discrimination n’est pas de nature à rassurer la communauté noire exclue de la gestion du pouvoir. Donc, tout porte à croire que la porte de l’exclusion et de la marginalisation est loin d’être fermée. Rien ne peut justifier ces appuis différenciés de l’Etat vis-à-vis de ses populations.
Quoi qu’il en soit, ces traitements différenciés n’ont pas leur place dans un pays qui aspire à la coexistence pacifique, condition sine qua non de toute stabilité économique, sociale et politique

Dieng Mody Hamady

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